Le désert c’est (vraiment) trop chaud

Depuis que nous avons quitté Bryce Canyon et ses fraîches températures matinales, le thermomètre n’a cessé de monter, monter, monter… Et plus encore au Nevada où nous nous sommes arrêtés dans la Valley of Fire, parc d’Etat bien nommé puisque les roches y sont rouge feu. Arrivés vers 11h00, on a tenté une balade jusqu’à 13 heures, le temps de perdre quelques litres d’eau… Après quoi, groggys, on s’est calfeutrés dans le camping-car (merci la clim !) en attendant une heure plus clémente pour ressortir. Vers 17h00 le thermomètre est enfin repassé sous la barre des 30 degrés, et à 19h00 il faisait nuit noire… Le lendemain, alors que nous longions la vallée de la Mort, on s’est dit que ce genre d’environnements, de température, c’était décidément pas notre truc. Direction Yosemite donc, avant de rejoindre San Francisco pour remonter ensuite vers Seattle par la côte.

Arrivée dans la Valley of Fire. De l’asphalte noir bordé par du sable rouge.

Les paysages sont du genre martiens.

Quand on dit « rouge », c’est vraiment… rouge.

Lieu dit « Fire Wave ». Pas besoin d’expliquer pourquoi…

Un habitant du coin.

Une habitante du coin croisée lors de notre balade du soir. Grosse comme ma main.

Sur la route de Las Vegas

Nous sommes vendredi soir (le 18 octobre) et sous un ciel de plomb (on peut dire cela quand on passe les 30 degrés, hein ?), nous nous arrêtons dans une ville à quelques dizaines de miles de Las Vegas, Mesquite. L’occasion d’accrocher la connexion Internet et de baliser le chemin parcouru ces derniers jours.

PS pour les lecteurs de la newsletter : la note sur Antelope Canyon a été mise à jour avec de nouvelles images et un lien vers l’album Flickr dédié.

Coral Pink Sand Dunes State Park confirme que les parcs d’Etat de l’Utah méritent le détour. Photo prise le soir, à l’heure (ou plutôt à la minute) du « soleil rouge ».

Pas loin d’Antelope Canyon, Horseshoe Bend donne le vertige. En bas, vous pouvez devinez un sentier et un camping.

Parc national suivant sur notre route, Zion, embelli par les couleurs automnales.

Trop heureux d’avoir décroché une place au camping (cela s’est joué à quelques minutes), nous restons 2 jours, le temps de randonner un peu dans le coin

Vu la température, la brumisation naturelle est bienvenue

Zion encore

Enfin, avant de reprendre l’Interstate 15 pour Las Vegas, arrêt à Snow Canyon State Park. Entre dunes pétrifiées…

… et lave de la dernière éruption (il y a… quelques milliers d’années)

« Bryce Canyon is open »

Le sujet ne doit pas être évoqué tous les soirs au JT de 20 heures en France, mais ici, aux États-Unis, c’est toujours le shutdown. Le blocage total de l’appareil fédéral, qui a conduit le président Obama à fermer la plupart des services fédéraux, dont les parcs nationaux. On avait alors fait une croix sur Bryce Canyon, Zion, Canyonland…

Et puis, il y a quelques jours, alors que nous visitions Kodachrome Bassin, un parc d’Etat magnifique, nous tombons sur une affichette placardée sur un local du parc : « Bryce Canyon is open ». En fait, le gouverneur de l’Utah (l’Etat où nous nous trouvons) avait la veille trouvé un accord avec Obama pour réouvrir pour dix jours cinq parcs nationaux en mettant la main à la poche. En espérant que d’ici la fin des dix jours démocrates et républicains arriveraient à se mettre d’accord sur le budget fédéral.

Bryce Canyon se situant à quelques dizaines de miles de Kodachrome Bassin, nous filons tout droit vérifier l’information. À l’entrée, nulle barrière (c’est plutôt bon signe), mais les guérites où l’on est sensés payer le droit d’entrée sont vides. On se rend au centre d’information, et là un ranger nous explique que le parc vient à peine d’ouvrir, et que c’est gratuit pour ceux qui entrent aujourd’hui dans les lieux. Ravis, nous filons au camping du parc. Il vient aussi de réouvrir, et il reste encore pas mal de places. Une aubaine, car dans les parcs nationaux les visiteurs réservent jusqu’à des mois à l’avance. Autant dire qu’en débarquant sans réservation, on n’aurait eu aucune chance en temps ordinaire.

Bref, la chance était une fois de plus avec nous, et nous avons passé deux jours sans trop de monde dans le parc, à admirer les vues spectaculaires sur les cheminées de fées aux teintes roses, à marcher au milieu de ces formations géologiques étranges et à y découvrir des créatures surprenantes. Mais notre plus grande surprise fut de voir dans ce décor aride, quasi désertique, de la neige.

Un p’tit panoramique pour commencer ? Pour le voir en plus grand, cliquez dessus et vous serez rerouté sur FlickR.

Un nuage passe, tamise la lumière, et les couleurs changent…

Photo dédiée à Geneviève et Philippe, sur le départ pour un beau voyage (à cheval) dans l’Ouest américain – bises les amis.

On ne dira jamais assez merci à ces promeneurs qui donnent l’échelle des paysages

Surprise, il a neigé. Faut dire qu’ici nous oscillons grosso modo entre 2 400 et 3 000 mètres d’altitude…

Autour de Moab

Dire qu’il y a 8 jours nous étions dans les Rocheuses canadiennes. Nous voilà maintenant dans les déserts de l’Utah et de l’Arizona. Enfin des déserts… Certes, la zone est aride mais elle ressemble avant tout à un atelier d’artiste à ciel ouvert. Celui de la nature qui étale ici à une échelle difficile à appréhender (avec les yeux comme avec un appareil photo) ses talents de sculpteur.

La vie en bleu et ocre

Dead Horse Point. Si, si regardez bien : inclinez la tête vers la gauche et vous devinerez en bas le dessin d’un cheval

Corona Arch, l’arche emblématique de Moab. Une photo avec des touristes dessus pour donner l’échelle et, aussi, parce j’ai trouvé que leur disposition, à cet instant, fonctionnait bien. Une sorte d’équilibre, non ?

Wilson Arch. Comme un oeil ouvert sur la vallée.

Vue de Canyonland. Allô la Terre ? Ici Mars !

Les plateaux rocheux, vus depuis les hauteurs de Moab

Chez les Navajos, comme au cinéma

Coup de chance, le shutdown fédéral ne concerne pas Monument Valley qui est un parc tribal – et non national – directement géré par les Navajos. Evidemment, plus on approche des fameux pitons rocheux, plus la frontière entre fiction et réalité s’efface. Ici, on ne sait plus trop si on est au cinéma ou dans la réalité tant ces paysages ont été la scène de nombreux films. On guette les cowboys et les indiens. Alors, inévitablement, l’imagination galope…

Pas de doute, on est sur la bonne route 😉

Les deux « Mitaines »

Geronimo !

A’y’est ! On a vu un indien. Vous aussi, non ?

« Petite » cavité…

Pancakes locaux

L’actrice du jour

L’acteur du jour

Photo prise le soir, à l’heure critique – cette minute ou tout devient rouge – depuis notre campement, à Goosenecks State Park (à quelques miles de Monument Valley)

Chez les Gobelins

Des formations géologiques surprenantes, on en a vus un paquet depuis que nous avons franchi la frontière de l’Utah. Si nous ne sommes pas devenus des spécialistes de géologie et que nous avons parfois du mal à appréhender comment diable tout cela est sorti de terre, nous avons au moins retrouvé notre âme d’enfant et nous nous amusons à voir des choses incroyables dans la roche comme on peut en trouver dans les nuages : un château-fort par-ci, une pyramide qui n’a rien à envier à celles bâties en Egypte par-là, mais aussi des dragons endormis, des oiseaux géants ou des éléphants marchant en groupe.

Alors, quand on a entendu parler de la Goblin Valley, la vallée des Gobelins, on a tout de suite voulu y aller, histoire de voir à quoi peuvent bien ressembler ces créatures légendaires. Géologiquement parlant, les Gobelins de cette vallée sont faits de sable déposé là il y a des millions d’années (si j’ai bien compris, c’était un bord de mer à l’époque) et compacté au fil du temps. La vallée en héberge bien des millions au milieu desquels on peut se promener. Pour être franche, la plupart ressemblent à des champignons. Mais en cherchant bien, on trouve aussi quelques spécimens plus ou moins inquiétants qu’on s’est empressés de photographier.

Un photographe pour donner l’échelle du phénomène

Une autre photographe – celle-là, vous la connaissez

Ah… On le voit là, le Gobelin, hein ?

E.T n’est jamais retourné chez lui. La preuve.

Celui-là on dirait qu’il a une couronne sur la tête

Quelque part en Idaho

Nous sommes donc descendus. Cap au sud. On a passé la frontière où la douane américaine nous a délestés de nos tomates. On est entrés dans l’Etat de Washington, dans l’Idaho, dans le Montana, à nouveau dans l’Idaho et, enfin, dans l’Utah. C’est dans l’Idaho, juste avant d’entrer dans l’Utah que nous nous sommes arrêtés à Devil Creek, dans le seul camping du coin. Devil Creek, un nom qui va bien pour les couleurs auxquelles nous avons eu droit en soirée.

Météo, shutdown et autres variables

Depuis la mi-août, nous avons tant que nous avons pu suivi le bel automne. D’abord au Denali National Park en Alaska, puis sur les routes du Yukon et du nord de la Colombie-Britannique, jusqu’aux parcs des Rocheuses canadiennes. Le sommet des montagnes s’est couvert de blanc, la température a plongé sous le zéro la nuit et n’a plus atteint les deux chiffres en journée. Les premiers flocons sont tombés, puis une pluie froide et continue. Un coup d’oeil aux prévisions météo sur la zone Vancouver a achevé de nous refroidir…

Alors Cyril et moi avons eu une folle idée (au regard des miles à parcourir…) : repasser la frontière canadienne, piquer droit au sud vers les « 48 lower », comprenez « les 48 plus bas », comme les Alaskans nomment les États qui sans en dessous du leur (l’Alaska étant le 49ème). Plus précisément, nous avons décidé de retourner dans les parcs nationaux du sud-ouest américain, que nous avons visités à la vitesse grand V et dans un autre esprit dans les années 90. De grands espaces très différents de ce qu’on a vu jusqu’à présent, un soleil qui ne brûle plus mais chauffe délicieusement la peau… Séduisant.

Nous commençons notre grande descente le 29 septembre. Mais à notre réveil, le 1er octobre, c’est le grand « shutdown », comme titre la presse américaine : républicains et démocrates n’ont pu se mettre d’accord sur le budget de l’Etat fédéral, les caisses sont vides, et Obama est obligé de renvoyer chez lui le personnel fédéral « non vital ». Fermeture des centres de recherche médicale, des bureaux de la sécurité social, des musées… et des parcs nationaux. On se dit d’abord que ce genre de situation n’arrive que dans les films, puis on pense bien sûr aux personnes directement touchées, qui ne toucheront pas leur paie. On se dit aussi qu’Obama a bien raison de ne pas lâcher « l’Obamacare » qui doit permettre à un plus grand nombre d’Américains de bénéficier d’une couverture santé.

Quant à nous, il va nous falloir revoir notre programme. Grand Canyon, Bryce Canyon, la Vallée de la mort, Yosemite… tous ces endroits que nous voulions traverser sont fermés au public jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. En 1996, il s’était passé la même chose, et il avait fallu plusieurs semaines pour que la situation se débloque. Nous allons devoir nous inventer un itinéraire hors des sentiers battus, explorer les parcs « non nationaux » (parcs d’Etat, parcs tribaux), bref faire preuve d’imagination. Avec à la clé plein de surprises, forcément.

On the road again…