Nous sommes donc descendus. Cap au sud. On a passé la frontière où la douane américaine nous a délestés de nos tomates. On est entrés dans l’Etat de Washington, dans l’Idaho, dans le Montana, à nouveau dans l’Idaho et, enfin, dans l’Utah. C’est dans l’Idaho, juste avant d’entrer dans l’Utah que nous nous sommes arrêtés à Devil Creek, dans le seul camping du coin. Devil Creek, un nom qui va bien pour les couleurs auxquelles nous avons eu droit en soirée.
Au fil des jours
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2 octobre 2013 par Valérie DouxMétéo, shutdown et autres variables
Depuis la mi-août, nous avons tant que nous avons pu suivi le bel automne. D’abord au Denali National Park en Alaska, puis sur les routes du Yukon et du nord de la Colombie-Britannique, jusqu’aux parcs des Rocheuses canadiennes. Le sommet des montagnes s’est couvert de blanc, la température a plongé sous le zéro la nuit et n’a plus atteint les deux chiffres en journée. Les premiers flocons sont tombés, puis une pluie froide et continue. Un coup d’oeil aux prévisions météo sur la zone Vancouver a achevé de nous refroidir…
Alors Cyril et moi avons eu une folle idée (au regard des miles à parcourir…) : repasser la frontière canadienne, piquer droit au sud vers les « 48 lower », comprenez « les 48 plus bas », comme les Alaskans nomment les États qui sans en dessous du leur (l’Alaska étant le 49ème). Plus précisément, nous avons décidé de retourner dans les parcs nationaux du sud-ouest américain, que nous avons visités à la vitesse grand V et dans un autre esprit dans les années 90. De grands espaces très différents de ce qu’on a vu jusqu’à présent, un soleil qui ne brûle plus mais chauffe délicieusement la peau… Séduisant.
Nous commençons notre grande descente le 29 septembre. Mais à notre réveil, le 1er octobre, c’est le grand « shutdown », comme titre la presse américaine : républicains et démocrates n’ont pu se mettre d’accord sur le budget de l’Etat fédéral, les caisses sont vides, et Obama est obligé de renvoyer chez lui le personnel fédéral « non vital ». Fermeture des centres de recherche médicale, des bureaux de la sécurité social, des musées… et des parcs nationaux. On se dit d’abord que ce genre de situation n’arrive que dans les films, puis on pense bien sûr aux personnes directement touchées, qui ne toucheront pas leur paie. On se dit aussi qu’Obama a bien raison de ne pas lâcher « l’Obamacare » qui doit permettre à un plus grand nombre d’Américains de bénéficier d’une couverture santé.
Quant à nous, il va nous falloir revoir notre programme. Grand Canyon, Bryce Canyon, la Vallée de la mort, Yosemite… tous ces endroits que nous voulions traverser sont fermés au public jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. En 1996, il s’était passé la même chose, et il avait fallu plusieurs semaines pour que la situation se débloque. Nous allons devoir nous inventer un itinéraire hors des sentiers battus, explorer les parcs « non nationaux » (parcs d’Etat, parcs tribaux), bref faire preuve d’imagination. Avec à la clé plein de surprises, forcément.
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25 septembre 2013 par Cyril DhéninUne journée du côté de Yoho National Park
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24 septembre 2013 par Valérie DouxDe Jasper à Banff (1) : Randonnées-surprise
Bientôt deux semaines que nous n’avons pas donné de nouvelles. Faut dire que nous sommes bien occupés, nous descendons les montagnes rocheuses canadiennes en nous arrêtant souvent pour parcourir les paysages, des yeux et à pied. Ça prend du temps, et de l’énergie; qui dit montagne dit sentiers qui montent, qui montent… Profitant d’une fin d’après-midi plutôt grise, nous nous attelons à la tâche pour rattraper le temps perdu et nous pencher sur les dernières merveilles que nous avons vues.
Les Rocheuses canadiennes… Rien que le nom donne des fourmis dans les pieds et des envies de gagner les cimes. Souvent, lorsqu’on voyage, on a tendance à vouloir lire tous les guides qui existent sur la région pour ne pas louper l’inloupable, manquer l’immanquable. Ainsi, on ne rate pas les « incontournables » des guides (souvent les mêmes d’un guide à l’autre), mais on peut passer aussi à côté de coins moins fréquentés, moins renommés mais d’une grande beauté.
Pour traverser les Rocheuses canadiennes, nous n’avons aucun guide, à part les cartes de randonnées distribuées par les bureaux d’information des parcs nationaux (Banff, Jasper…) et les conseils forcément subjectifs des rangers de ces bureaux. Nous nous sommes donc souvent décidés pour les balades du jour en lisant un descriptif de deux lignes seulement ou en nous fiant à un trait de surligneur d’un ranger sur un parcours.
En agissant ainsi, on s’expose à de belles surprises, comme ce fut le cas pour deux de nos dernières randonnées.
La première, soyons francs, c’est moi qui l’ai suggérée à Cyril (note de Cyril : comment elle se la pète…). Elle promettait de belles vues sur le glacier Saskatchewan sans trop d’efforts : 250 m de dénivelé, pas cher payé pour voir un glacier. Au terme de la montée sur un sentier rocailleux en lacets à la végétation rase, une vraie claque : perchés sur le chaînon Parker battu par les vents, nous ne voyons pas simplement le glacier, nous surplombons la langue glaciaire sur toute sa longueur, et nous découvrons la rivière du même nom prendre naissance ! À nos pieds s’étend une vallée couverte de forêt de pins aux allures de paradis perdu. A 180°, des crêtes dessinent un horizon chaotique. Autour de nous, une végétation éclatante, mêlant au vert le jaune et le rouge. 250 m de dénivelé, ça n’est décidément pas cher payé.
La deuxième randonnée est le fruit savoureux du hasard. En nous rendant au lac Moraine, nous pestions un peu. Pour parcourir les sentiers qui partent du lac, il faut être au moins à quatre, le lieu étant très fréquenté par l’ours – enfin, selon les autorités du parc de Banff… Nous avions en tête de grimper jusqu’à un petit lac, le lac Eiffel. La coutume veut que les groupes se forment au départ des sentiers. Les deux premières personnes que nous y rencontrons, deux sœurs canadiennes, ne vont pas au lac Eiffel mais montent jusqu’à Larch Valley, la vallée des mélèzes. Les deux suivantes, un couple, ont aussi opté pour la Larch Valley. Tous connaissent bien la région et nous expliquent que c’est le moment idéal pour faire cette balade, car les mélèzes virent à l’orange et couvrent le sol d’un tapis d’épines de la même couleur. Nous changeons nos plans et les suivons. On ne s’aperçoit (presque) pas que ça grimpe, les discussions allant bon train. Nous traversons la fameuse forêt de mélèzes avant d’arriver au pied d’un petit lac d’altitude. Nous avons encore, imprimées sur nos rétines, toutes les nuances d’orange des mélèzes, et la beauté des dix pics montagneux qui jalonnaient la route. Quant à randonner à au moins quatre, finalement, on est plus vraiment contre.
Début d’ascension sur le chaînon Parker et premières explosions de couleurs
Arrivée au sommet et première vue du glacier Saskatchewan
Les mélèzes… et leur parure automnale
Et la vue sur les 10 pics (d’accord… ils sont pas tous sur la photo)
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24 septembre 2013 par Cyril DhéninDe Jasper à Banff (2) : tourisme ou conservation ?
Au fil des semaines passées dans les parcs américains et canadiens, nous avons forcément acquis une certaine expérience qui nous permet d’évaluer assez vite les choix fondamentaux des parcs. Nous entendons par fondamentaux les choix qui assurent (ou non) l’équilibre entre tourisme et conservation de l’environnement, notamment de la faune. Dans ce domaine, le moins que l’on puisse dire, c’est que les parcs canadiens des rocheuses – et tout particulièrement Banff (1) – laissent un goût amer. Soyons clairs : nous n’avons pas boudé notre plaisir, comme en témoignent les photos des notes intitulées de « Banff à Jasper ». De fait, toute cette zone est magnifique, notamment à l’approche de l’automne. Mais l’esprit qui règne ici est bien différent de celui que nous avons rencontré en Alaska ou encore au Yukon.
Plusieurs indices pour comprendre. Tout d’abord, la densité des hôtels et autres lodges. Autour de Banff, c’est une évidence, cette densité est très élevée. Ensuite, le réseau routier : ce n’est ni plus ni moins qu’une quatre voies qui traverse l’ensemble de la zone – pour être honnête, précisons que des ponts ont été aménagés pour faciliter la circulation de la faune. Enfin, la présence de l’administration des parcs du Canada. Elle semble bien souvent reléguée à l’arrière-plan par l’industrie du tourisme, elle, occupe massivement le premier plan. Le centre du Champ-de-glace en est un bel exemple : on s’attend à entrer dans un centre d’information, on se retrouve dans un Disneyland avec projection de films (payante of course), boutiques de souvenirs et estrade réservée aux « clients » de Brewster (nom de l’opérateur qui semble avoir un quasi-monopole ici) pour faire des photos face à la montagne… Les rangers, eux, sont relégués dans un petit guichet à côté des toilettes. Bref, on est plus dans un centre commercial Brewster que dans un centre d’info…
Du coup, nous avons eu envie de nous renseigner sur l’impact sur la faune de ce développement touristique. Sans surprise, il est catastrophique (2), d’autant que toute cette zone était critique pour la reproduction des grizzlys. Aujourd’hui, l’espace sauvage réellement disponible suffit à peine pour ceux qui errent encore dans le coin. Pour assurer leur survie, une étude (commandée par le ministère de l’Environnement) avait préconisé de réduire le nombre de complexes touristiques et de fermer des sentiers de randonnée. C’était en 1996. Cette année, nous avons pu observer plusieurs chantiers d’extension d’installations touristiques…
On peut donc dire que cette partie des Rocheuses canadiennes est tout simplement sacrifiée. Un choix quasi historique, puisque Banff est devenu parc national en 1885 en premier lieu pour mettre en valeur son « capital touristique ». L’objectif était alors clair : générer des revenus pour rembourser l’énorme dette générée par la construction de la ligne de chemin de fer canadienne « coast to coast ». Bref, dès le départ, le sort de la faune de Banff était scellée. Et ce n’est pas les plaquettes ou les affichettes distribuées ici et là par les autorités du parc et appelant à être responsable face aux ours qui permettront d’inverser la tendance. Au regard des faits, cet attirail pseudo-éducatif (qui laisse croire au passage que les ours sont ici en nombre… ) relève tout simplement de l’alibi écologique.
Evidemment, en tant que touristes évoluant dans cet environnement, nous participons nous-mêmes à cette catastrophe. D’où le goût amer… Chose que nous n’avions pas ressenti dans un parc comme Denali en Alaska dont les règles, qualifiées de « rigides » dans le (par ailleurs excellent) Rough Guide, assurent cependant cet équilibre entre tourisme et conservation.
(1) La situation n’est pas générale dans les Rocheuses et encore moins à l’échelle du Canada. Il semble que l’Alberta (où sont les parcs de Jasper et Banff) soit un mauvais élève en termes d’équilibre entre tourisme et conservation. Au contraire de la Colombie-Britannique qui, ces dernières années, a étendu les zones protégées ou y a renforcé les règles.
(2) « Banff is a national disgrace », Harvey Locke, ancien président des Parcs Canadiens (source : « Bears », Kevin Van Tighem)
Panneau posé sur un début de sentier populaire. Un rappel à l’ordre censé matérialiser l’engagement du parc pour la protection de la faune. Dommage que, dans Banff tout particulièrement, tout le reste prouve le contraire…
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24 septembre 2013 par Cyril DhéninDe Jasper à Banff (3) : spécial couleur
A l’entrée de Kootenay National Park, près du canyon Marble, c’est la fête des couleurs. Des sources d’eau fortement chargées en fer donnent des couleurs étonnantes aux alentours, l’eau devient verte tandis que la terre offre une jolie palette, du rouge au jaune en passant par l’ocre. Sans surprise, le site était utilisé par les indiens pour composer leurs couleurs.
Bon… Ben, voilà, j’ai voulu sauter par-dessus la rivière et je me suis raté. Ca donne ça. De toutes façons, m’fallait de nouvelles chaussures…
Et pour finir, une vue d’une montagne du coin. Les couleurs sont aussi là-haut…
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24 septembre 2013 par Cyril DhéninDe Jasper à Banff (4) : spécial noir et blanc
A mi-chemin entre Jasper et Banff, le lac Louise est connu pour offrir au visiteur une eau verte cernée par les montagnes. Malheureusement, un abominable (vraiment) hôtel trône en bordure du lac. Mais on se rattrape avec la rando dite des « Six Glaciers » qui nous fait prendre un peu de hauteur pour sentir la glace de près.
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24 septembre 2013 par Cyril DhéninDe Jasper à Banff (5) : d’un canyon l’autre
Les amoureux des chutes d’eau photographiées en pause longue pour devenir de longue traînées laiteuses ont de quoi devenir dinguo dans le coin tant le paysage est marqué par l’entremêlement des canyons et des chutes. Bon, sans être un accro de ces effets « drapés », j’avoue que l’occasion était trop belle pour ne pas se prêter au jeu.
Canyon Mistaya (Banff National Park)
Chutes Athabasca (Jasper National Park)
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15 septembre 2013 par Cyril Dhénin50 km à pieds, ça use
Environ 4 000 km, c’est ce que nous avons parcourus pour rejoindre Jasper, dans les Rocheuses canadiennes, depuis Anchorage en Alaska. Une longue route, car les « highways » sont ici loin d’être des autoroutes. Grosso modo, j’évalue notre vitesse moyenne à 70 km/h. Le prix à payer pour slalomer entre les trous, patienter sur les nombreuses sections en travaux, éviter les bisons, les coyotes, etc. Bref, après une bonne semaine, on a fini par arriver près de Jasper. Plus précisément, à 70 km de là, au Mount Robson Provincial Park. Moins connu que Jasper, il est pourtant d’une grande beauté. Alors, sans surprise, après 4 000 km de route, on a eu envie de se dégourdir les jambes. Direction donc le lac Berg, soit une randonnée d’environ 50 km aller-retour en 2,5 jours, le temps de s’approcher de ce fameux Mont Robson et de ses lacs glaciaires d’un bleu laiteux.
Dès le début de la rando, la couleur des rivières interpelle
En chemin, les réflexions sont assez irréelles
La vallée où nous passons une première nuit – au fond à gauche, la cabane des rangers
Sur la route, « Emperor Falls ». Ca brumise fort…
Notre campement pour la seconde nuit
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15 septembre 2013 par Cyril Dhénin50 km en kayak, ça use…
La rando du Mont Robson nous ayant fatigué les jambes, une fois arrivés à Jasper, nous avons décidé de les laisser au repos. Une seule solution donc pour avancer : utiliser nos bras. Direction le loueur de kayaks pour explorer le lac Maligne. Une bonne idée car, à notre surprise, Jasper compte encore beaucoup de touristes en septembre. Mais, comme d’habitude, quelques kilomètres à pied ou en kayak suffisent pour profiter seuls des beautés de ce parc.
27 degrés le premier jour. Chaud, très chaud…
Arrivés à notre campement, des cerfs mulets nous accueillent
Et la tradition : se baigner dans l’eau glaciale du lac. Pour ceux qui vont inévitablement poser la question : non, je ne suis pas à poil, vous le voyez bien, je porte une casquette.