Bientôt deux semaines que nous n’avons pas donné de nouvelles. Faut dire que nous sommes bien occupés, nous descendons les montagnes rocheuses canadiennes en nous arrêtant souvent pour parcourir les paysages, des yeux et à pied. Ça prend du temps, et de l’énergie; qui dit montagne dit sentiers qui montent, qui montent… Profitant d’une fin d’après-midi plutôt grise, nous nous attelons à la tâche pour rattraper le temps perdu et nous pencher sur les dernières merveilles que nous avons vues.
Les Rocheuses canadiennes… Rien que le nom donne des fourmis dans les pieds et des envies de gagner les cimes. Souvent, lorsqu’on voyage, on a tendance à vouloir lire tous les guides qui existent sur la région pour ne pas louper l’inloupable, manquer l’immanquable. Ainsi, on ne rate pas les « incontournables » des guides (souvent les mêmes d’un guide à l’autre), mais on peut passer aussi à côté de coins moins fréquentés, moins renommés mais d’une grande beauté.
Pour traverser les Rocheuses canadiennes, nous n’avons aucun guide, à part les cartes de randonnées distribuées par les bureaux d’information des parcs nationaux (Banff, Jasper…) et les conseils forcément subjectifs des rangers de ces bureaux. Nous nous sommes donc souvent décidés pour les balades du jour en lisant un descriptif de deux lignes seulement ou en nous fiant à un trait de surligneur d’un ranger sur un parcours.
En agissant ainsi, on s’expose à de belles surprises, comme ce fut le cas pour deux de nos dernières randonnées.
La première, soyons francs, c’est moi qui l’ai suggérée à Cyril (note de Cyril : comment elle se la pète…). Elle promettait de belles vues sur le glacier Saskatchewan sans trop d’efforts : 250 m de dénivelé, pas cher payé pour voir un glacier. Au terme de la montée sur un sentier rocailleux en lacets à la végétation rase, une vraie claque : perchés sur le chaînon Parker battu par les vents, nous ne voyons pas simplement le glacier, nous surplombons la langue glaciaire sur toute sa longueur, et nous découvrons la rivière du même nom prendre naissance ! À nos pieds s’étend une vallée couverte de forêt de pins aux allures de paradis perdu. A 180°, des crêtes dessinent un horizon chaotique. Autour de nous, une végétation éclatante, mêlant au vert le jaune et le rouge. 250 m de dénivelé, ça n’est décidément pas cher payé.
La deuxième randonnée est le fruit savoureux du hasard. En nous rendant au lac Moraine, nous pestions un peu. Pour parcourir les sentiers qui partent du lac, il faut être au moins à quatre, le lieu étant très fréquenté par l’ours – enfin, selon les autorités du parc de Banff… Nous avions en tête de grimper jusqu’à un petit lac, le lac Eiffel. La coutume veut que les groupes se forment au départ des sentiers. Les deux premières personnes que nous y rencontrons, deux sœurs canadiennes, ne vont pas au lac Eiffel mais montent jusqu’à Larch Valley, la vallée des mélèzes. Les deux suivantes, un couple, ont aussi opté pour la Larch Valley. Tous connaissent bien la région et nous expliquent que c’est le moment idéal pour faire cette balade, car les mélèzes virent à l’orange et couvrent le sol d’un tapis d’épines de la même couleur. Nous changeons nos plans et les suivons. On ne s’aperçoit (presque) pas que ça grimpe, les discussions allant bon train. Nous traversons la fameuse forêt de mélèzes avant d’arriver au pied d’un petit lac d’altitude. Nous avons encore, imprimées sur nos rétines, toutes les nuances d’orange des mélèzes, et la beauté des dix pics montagneux qui jalonnaient la route. Quant à randonner à au moins quatre, finalement, on est plus vraiment contre.
Début d’ascension sur le chaînon Parker et premières explosions de couleurs
Arrivée au sommet et première vue du glacier Saskatchewan
Les mélèzes… et leur parure automnale
Et la vue sur les 10 pics (d’accord… ils sont pas tous sur la photo)
T’as de quoi faire un bon bouquin 😉
C’est dans l’air…