« Ushuaia, fin del mundo ». Voilà ce qui est proclamé un peu partout dans Ushuaia : dès l’entrée de la ville, au bord du canal de Beagle sur un énorme panneau (tout le monde se prend en photo devant), sur des dizaines enseignes (hostel Fin del mundo, la casa Fin del mundo…), sur des tee-shirts… En français, « fin del mundo » se traduit de deux façons : la fin du monde, mais aussi le bout du monde. Pour la fin du monde, n’en parlons plus, c’était le 21 décembre dernier, et si elle avait eu lieu vous ne seriez plus là pour lire ce post. Ushuaia est donc la bout du monde. Quand nous préparions notre voyage, nous imaginions d’ailleurs la ville ainsi. Un bout du monde battu par les vents, où seuls les solitaires et les âmes en quête d’absolu s’y retrouveraient.
Géographiquement, presque rien à redire à cette affirmation… si ce n’est qu’à 80 km plus au sud, côté chilien du canal de Beagle, se trouve le village de Puerto Williams, un peu plus de 2000 habitants. Bon, d’accord, le nom est moins exotique qu’Ushuaia, il aurait fait un moins bon titre d’émission ou un nom moins percutant pour un gel douche, mais c’est une réalité, Ushuaia n’est pas la ville la plus au sud du continent sud-américain.
Et puis, Ushuaia n’a plus vraiment les allures d’un bout du monde. Une rue principale bordée d’enseignes internationales (Columbia, Timberland, The North Face…), des magasins de souvenir à ne pas avoir assez de doigts pour les compter, des restaurants qui affichent des « menus touristiques », des autobus d’excursion qui inondent par vagues successives le parking central sur le front de mer, des bateaux monstrueux qui lâchent leur cargaison de touristes avides de se dégourdir les jambes pour quelques heures dans la ville avant de reprendre la mer… Le jour où elle s’est proclamée bout du monde et en a fait un argument marketing, Ushuaia a perdu son âme.
Heureusement, les bouts du monde existent, mais ils ne sont pas forcément là où on les attend. Avec Cyril, on en découvre parfois au fil de nos voyages. Récemment, sur la côte argentine, au bout d’une piste rocailleuse, nous avons dormi à Camarones, joli petit village paisible de Patagonie épargné par le tourisme de masse. Les bus d’excursion n’y viennent pas, s’arrêtant plus au nord près d’une colonie de manchots de Magellan. Au premier coup, le village semble comme abandonné. Mais en s’y attardant un peu, on découvre sa vie, son rythme, ses habitants bienveillants… Camarones n’est sans doute pas un village très prospère, mais on y respire assurément une atmosphère de bout du monde.
PS de Cyril : Bon, si je comprends bien tu fais une note sur Ushuaia une semaine après que l’on en soit partis. Et la chronologie de ce blog, t’en fais quoi hein !? Et la ligne éditoriale alors !?
PS de Valérie : ah bon, y a une ligne éditoriale ? Faut qu’on en parle. Et puis, moi je réfléchis avant d’écrire, môssieur !
mais dis moi le taf te manque ou quoi ?????? bisous