Lorsqu’on met le pied à terre sur les îles en Antarctique, pas question de se balader comme si de rien n’était, le nez au vent. Les îles sont peuplées de colonies de manchots et d’autres oiseaux, qui nichent là et y couvent, ou ont déjà des petits. Il ne s’agit donc pas de les déranger. Les guides font un premier passage sur la terre, avant le grand débarquement, et balisent l’espace avec de petits drapeaux oranges. Deux drapeaux croisés, et on ne va pas plus loin. Une rangée de drapeaux, c’est le chemin à suivre. Deux drapeaux parallèles, on entre dans une zone de haute fréquentation, une autoroute à manchots, qui se termine par… deux drapeaux parallèles, essayez de suivre un peu. Là, la règle est simple : priorité aux volatiles. On voit alors de drôles de pingouins en parka jaune en file indienne (nous) s’arrêter pour laisser le passage à une autre file indienne de (vrais) manchots prenant tout leur temps pour traverser.
Cette règle de priorité, on s’applique tous à la respecter à la lettre. Ce qui peut parfois donner lieu à des situations cocasses. Lors d’une sortie, le vent se lève entre le moment où l’on débarque sur l’île et celui où l’on doit rembarquer sur les Zodiac. Il souffle vers la plage et dépose en continu de tous petits icebergs (que nous appelons des glaçons dans le jargon des spécialistes). Lorsqu’un Zodiac revient vide du bateau pour prendre dix nouveaux passagers, les guides, en combinaison les pieds dans l’eau, repoussent les glaçons et tiennent le Zodiac comme ils peuvent pour nous faire vite embarquer. Mais voilà qu’un groupe de manchots se pointe sur la plage, se dandine dans un sens, dans un autre, hésite à se jeter à l’eau, ne trouve pas vraiment d’endroit approprié, bref, occupe la plage. Aussitôt, nous nous arrêtons pour les laisser se décider tranquillement. Dans le regard des guides, nous voyons alors passer deux sentiments : une certaine fierté que leur message soit si bien passé et que nous nous comportions si bien ; mais aussi une terrible envie de nous crier de sauter à bord !
Plage de débarquement encombrée…
Question existentielle : où prendre la mer ?
merci pour ces (supers et superbes) nouvelles si rapides !
tout simplement splendide !